TSA et troubles du sommeil : impliquer enfants et adolescents dans leur prise en charge comportementale  

La prévalence des troubles du sommeil est élevée chez les enfants et les adolescents avec troubles du spectre de l’autisme (TSA). Leur retentissement sur les fonctions cognitives et adaptatives est important au point d’augmenter la sévérité des symptômes et d’altérer la qualité de vie de l’enfant et de sa famille. Les interventions comportementales mises en œuvre par les parents de jeunes enfants sont le moyen le plus utilisé pour améliorer ces troubles du sommeil. Elles reposent sur une évaluation comportementale fonctionnelle initiale qui cherche à identifier les facteurs comportementaux favorisant les troubles du sommeil et à y remédier par des interventions appropriées, en s’appuyant sur un environnement ou des routines propices au sommeil.

L’enregistrement polysomnographique et les entretiens cliniques permettent de collecter les données nécessaires à l’élaboration des prises en charge. Celles-ci ont surtout été évaluées chez le petit enfant. Rares sont les études qui ont évalué l’intérêt des interventions comportementales chez les enfants plus âgés ou les adolescents avec TSA. L’efficacité de l’implication de ces derniers dans leur élaboration n’a pas non plus été évaluée.

Huit cas concluants

Une étude menée sur huit cas patients répond en partie à cette question. Les huit participants âgés de 9 à 15 ans présentaient tous un TSA avéré avec des troubles du sommeil. Une évaluation comportementale fonctionnelle a été utilisée pour identifier les facteurs cognitifs et comportementaux probablement impliqués dans la pérennité de ces troubles.

Les participants, seuls ou avec l’aide de leurs parents (ce qui a été le cas pour six d’entre eux), ont directement et activement contribué à l’élaboration d’une intervention personnalisée, d’inspiration cognitivo-comportementale, incluant notamment des informations sur le sommeil et sur les comportements le favorisant, des séances de relaxation, l’instauration de nouvelles routines de coucher ou encore une initiation de la famille aux techniques de renforcement positif. Pendant l’étude, les enfants poursuivaient leur traitement habituel.

L’implication des enfants et adolescents dans l’élaboration de leur propre prise en charge s’est avérée efficace dans tous les cas, en améliorant la qualité du sommeil, se traduisant par exemple par une diminution de la fréquence des réveils nocturnes ou de leur durée, ou par une réduction de la nécessité d’un accompagnement ou d’une présence nocturne lors du sommeil. L’effet du traitement s’est maintenu dans le temps (la durée moyenne du suivi était de 2 mois), sauf pour deux enfants, chez lesquels une détérioration de l’efficacité a été observée sur le long terme.

Les parents et les enfants ont eu la même impression favorable quant à la faisabilité, l’efficacité et l’acceptabilité de ces interventions qui méritent d’être plus largement utilisées. Des études portant sur des effectifs plus conséquents devraient donner plus de poids à cette orientation stratégique originale qui répond au besoin de thérapies efficaces, face à la fréquence et aux conséquences potentiellement graves des troubles du sommeil chez les jeunes patients avec TSA. Motivation, implication personnelle, démarche proactive, souplesse dans la gestion des troubles et de leurs déterminants sont autant d’atouts qui devraient faciliter leur validation sur une grande échelle.

Dr Philippe Tellier


Article originel :
Jenna R. Van Deurs et coll. Cognitive-behavioral treatment of sleep disturbance in children and adolescents with autism: Eight case studies using functional behavior assessment. Research in Autism Spectrum Disorders. 2021 (21 août) : publication avancée en ligne.
https://doi.org/10.1016/j.rasd.2021.101823